Doit-on s'aimer pour Être heureux ?

Quelle drôle de question, me direz-vous. Cela semble tellement évident ! « Il faut s’aimer soi-même pour être heureux », tous les milieux de la thérapie, du bien-être et de la spiritualité prônent ce leitmotiv et tout le monde y croit fermement. Cependant, face au sentiment d’impuissance que cette supposée « vérité » a généré dans ma vie pendant plus de 30 ans, j’ai fini par comprendre qu’en réalité, elle contenait une équation à trois inconnues : Qu’est-ce que l’amour ? Qui est ce fameux « soi-même » ? Qu’est-ce que le bonheur ?

L'amour conditionnel

 

Très tôt dans ma vie, parce qu’elles provoquaient des reproches, voire des sanctions, j’ai compris que certaines parts de moi étaient considérées comme mauvaises. Par peur de ne pas être aimée, j’ai donc condamné et rejeté ces parts de moi et ce faisant, de façon subtile, insidieuse, j’ai commencé à me morceler puis à me couper totalement de ma nature profonde. C’est ainsi que je me suis construite dans la croyance que l’amour et le bonheur se méritent à condition de me soumettre aux dogmes et aux exigences de mon milieu familial et social !

 


Vers l’âge de 30 ans, lorsque à bout de souffrance, j'ai compris que je n’obtiendrais pas l’amour en cherchant à l’extérieur de moi, je me suis tournée vers l’intérieur pour apprendre à m’aimer. J’avais alors la certitude que je serais dans l’amour et donc assurément dans le bonheur à condition de :

  • développer la pensée positive, d'exercer une pratique spirituelle, d’avoir une alimentation saine, d’avoir confiance en moi, de développer mes talents, de réaliser ma mission de vie…,

Pendant 20 ans, je me suis appliquée à ce « travail » sur moi, qui certes a dû avoir quelques effets positifs, mais ce faisant, j’ai continué à rejeter toutes les parts de moi non conforme à l’idée que je me faisais de l’amour.

 

Loin de me sentir heureuse, je suis arrivée vers l’Age de 50 ans avec la conscience que toute ma vie, je n’avais fait que reproduire de l’amour conditionnel (le seul que je connaissais). De plus, ce soi-disant amour est fondé sur une vision duelle de la réalité qui, régit par la peur et le besoin de sécurité, n’a donc strictement rien à voir avec l’Amour au sens spirituel du terme. C’est lors d’une expérience d’éveil que celui-ci s’est ouvert à moi dans sa véritable dimension...

Le vrai visage de l'Amour

Nous sommes nés de l’énergie d’Amour et de sa passion à se multiplier et que nous le reconnaissions ou non, cette présence d’Amour cherche à nous féconder, à nous transcender, à nous nourrir profondément afin de se déployer en nous à travers tous nos sens. Ainsi, nous sommes constitués d’une dimension subtile (notre corps de lumière ou essence d’Amour, illimitée et non périssable) et d’une dimension matière (notre corps de chair, limité et périssable) qui sont faites pour fonctionner ensemble et sont totalement indissociables. On pourrait ainsi dire que l’Amour nous colle à la peau et nous n’en sommes jamais séparés !

 

Cependant, le processus qui permet la fusion entre ces deux dimensions et donc l’incarnation de l’Amour dans la matière, passe par le RESSENTI. L’Amour est une vibration qui ne se pense pas, ne se maitrise pas, ne se contrôle pas. Notre mental n’a pas accès à cette dimension qui ne peut se vivre que dans l’expérience sensorielle.


Par conséquent, pour « co-naitre » l’Amour (dans le sens de « naitre avec »), il s’agit d’accepter de le ressentir en accueillant en nous-mêmes son expression première qui est la Vie dans toutes ses déclinaisons, c'est-à-dire nos perceptions sensorielles, nos émotions, notre sensibilité… bref tout ce que nous avons appris à rejeter depuis notre plus tendre enfance, car considérés comme étant des zones de fragilités, de vulnérabilités et donc de souffrances !

 

Mais ce ne sont pas nos émotions qui nous font souffrir, ni même notre sensibilité ou tout ce que l’on pourrait appeler « nos défauts ». Notre souffrance est le résultat de notre lutte acharnée contre ces parts de nous-même que nous jugeons comme inacceptables et dont nous nous sommes coupés par peur de ne pas être aimés. Mais paradoxalement, plus nous cherchons à les contrôler (en les niant, en les rejetant, ou en voulant les changer), plus elles frappent et se manifestent violemment dans notre vie et cela quitte à nous plier, nous casser ou à nous terrasser s’il le faut.

C’est pourquoi, ce que nous considérons comme une difficulté, un problème ou une épreuve est généralement l’expression d’une solution que la vie nous envoie, mais que nous rejetons, préférant chercher des réponses à l’extérieur de nous, alors que tout est là, à l’intérieur !!

 

Ainsi, l’Amour prend tous les visages. Ange ou Démon, c’est selon notre degré d’identification à la matière et de résistance à ce qui EST. Plus nous sommes coupés de nos ressentis et donc de l’expression de la Vie et de l’Amour en nous, plus notre corps devient un enfer(mement) et plus notre réalité extérieure nous le renvoie en miroir. Car, à défaut de le laisser passer par l’intérieur, l’Amour se manifeste par l’extérieur à travers des scénarios dits « problématiques » jusqu'à ce que nous lui ouvrions les portes de notre cœur afin qu’il puisse nous féconder et s’épanouir à travers nous.

 


Sur le plan de la conscience unifiée, le monde extérieur n’est donc que le reflet de ce que nous vivons avec nous-même et où « l’autre » n’existe pas. Dans cette dimension, il est le pantin de notre pensée agissante, le reflet des parts dont nous sommes coupés, le langage de notre Âme qui crie famine, l’expression de l’Amour qui se cherche à travers nous, la voix/voie du Divin… C’est pourquoi, si nous sommes identifiés à notre seule dimension matière, alors nous risquons de traverser notre vie en position de victime qui se bat et se débat sans jamais percevoir que nous armons la main de celui qui nous fait souffrir et que notre pire ennemi c’est nous-mêmes !

Se nourrir de ce que nous sommes

La vie nous aime. Elle nous aime de façon inconditionnelle et à chaque seconde de notre existence elle nous offre tout ce dont nous avons besoin pour épanouir notre bonheur d’Être ce que nous sommes véritablement. Ainsi, chaque être humain possède, à l’état de germe, toutes les ressources nécessaires pour transmuter « les épreuves » auxquelles il est confronté. C’est d’ailleurs le rôle principal de nos émotions que de nous guider vers cette puissance intérieure. En effet, c’est en les accueillant en nous-même et donc en acceptant de les éprouver que nos émotions stimulent et facilitent l’émergence de nos pleins potentiels.

 

Cependant, c’est bien souvent après la bataille, une fois la tempête traversée, que nous prenons conscience de toutes les perles d’Amour que nous avons mobilisées et déployées en nous-même, tel un véritable trésor. C’est alors que, semblable à une fleur qui épanouit et propage son parfum rare et précieux, notre Être déploie et diffuse son essence, sa sensibilité et sa couleur unique et spécifique à travers des qualités, des dons et des talents tout à fait singuliers.

 

 

L’Être ne se plie à aucune règle, aucune convention, aucun dogme. Inutile de se comparer ou de vouloir correspondre à des normes, du point de vue de l’Être, il n’y a aucune compétition possible et surtout aucun effort à fournir. Car, dès lors où nous sommes dans l’expression de notre Essence Profonde, tout est simple, facile, joyeux et c’est normal puisque c’est là où se trouve notre génie personnel, là où nous sommes les meilleurs, là où nous sommes dans le plaisir, là où on ne sent plus le temps passer, là où on est reconnu et où on nous réclame, là où l’abondance circule librement…

 

Finalement, et contrairement à ce que j’ai cru toute ma vie, il ne s’agit pas de vouloir s’aimer soi-même pour être heureux, mais de se laisser Aimer par l’Amour en renonçant à toute volonté afin qu’il se donne et prospère à travers nous.

 


Autrement dit, dès lors que nous nous abandonnons dans les bras de la Vie et que nous permettons à notre essence d’Amour de s’épanouir en nous à travers l’expression de notre singularité, alors non seulement nous nous sentons pleinement nourrit, mais bizarrement et contre toutes attentes nourrissons également les autres !

 

Par contre, plus nous fournissons des efforts pour correspondre aux attentes des autres ou de nous-même afin de nourrir une image parfaite de ce que nous croyons Être, alors plus nous fonctionnons à contre-courant du flux de la Vie, plus nous nous épuisons, plus nous nous éloignons de ce que nous sommes véritablement et plus nous souffrons.

Et le bonheur dans tout cela ?

La Vie est éternelle et se nourrit d’elle-même, l’Amour est infini et se nourrit de lui-même, et de la même façon, nous nous nourrissons de ce que nous sommes, c'est-à-dire de l’énergie d’Amour qui est notre essence profonde. Dans cette perspective, le bonheur n’est pas forcément confortable et il est bien loin de ressembler à un état de bien-être permanent. Car la Vie est vivante et qu’on le veuille ou non, elle nous veut Vivant et tout Amour avec elle. Quel choix avons-nous vraiment face à elle ? C’est notre mental conditionné qui croit avoir un libre arbitre et qui se « prend la tête » pour choisir ce qu’il croit être le meilleur dans sa vision étriquée du Bonheur. Mais faire des choix revient à considérer qu’il y a des bons choix et des mauvais choix et donc à se créer des problèmes là où il n’y a que des solutions.


L’ Amour ne choisit jamais, il va toujours vers l’évidence. Ce qui nous donne d’ailleurs cette impression curieuse de ne pas avoir le choix ! Nous nous sentons alors comme poussé, tiré…, ça se décide à travers nous, mais nous ne décidons rien. L’Amour dit OUI à ce qui est, sans jugement, sans condition…, pendant que la seconde d’après, le mental régit par ses peurs et son besoin de sécurité s’empresse de répondre :

  • « OUI mais…», dans l’espoir de contrôler la situation et nous éviter ainsi de RESSENTIR. Après 50 ans de résistance à ma nature profonde, j’ai fini par comprendre que la seule liberté que nous ayons face à la Vie est :
  • Soit d’aller dans son sens en entrant dans la danse de « l’évidence » et la joie d’Être ce que nous sommes,
  • Soit d’aller à contre sens en entrant dans la résistance et la souffrance de ne pas Être ce que nous sommes.

Dans les deux cas et quoi qu’il advienne, le tourbillon de la Vie nous emporte inexorablement vers la Vie et ne souhaite qu’une seule chose : Notre bonheur d’Être ce que nous sommes !

 

Mary Mombrun

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Commentaires: 1
  • #1

    Marco (jeudi, 22 novembre 2018 11:00)

    Absolument clair et parfaitement juste. Merci.